Anatomie
des
Sarracenia

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Mise à jour : mardi 9 mars, 2010
Révision complète le dimanche 15 octobre 2007

© 2008 J.Ph. ROSELLO

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Les feuilles-pièges

Ces pièges sont classés comme pièges passifs parce qu'ils ne bougent pas lors de la capture. Ce classement cache en réalité des différences radicales de fonctionnement qui se retrouvent évidemment au niveau des feuilles :

S. purpurea est connu pour ses urnes couchées et remplies d'eau. Les insectes sont attirés par du nectar sur le bord, si près de la surface du liquide... Des soies tournées vers le fond favorisent la glissade qui ne tarde pas. Cela suffit et même des escargots ou des limaces glissent au fond...

S. psittacina a aussi des urnes qui attirent par du nectar les insectes, elles sont également couchées mais cette fois il n'y a pas d'eau, et pour cause, la plante est souvent recouverte par celle-ci lors de crus dans le milieu naturel et un piège ouvert perdrait beaucoup d'efficacité à cause du lessivage voire serait totalement inefficace sous l'eau. Il faut donc une autre "astuce" que la noyade pour retenir les insectes. La partie terminale de la feuille, au lieu d'être grand ouvert pour recueillir la pluie, présente au contraire des bords qui restent soudés sauf par un petit orifice. Cette partie terminale se gonfle en devenant translucide avec des zones très blanches (ocelles) tandis que l'orifice bascule, se trouve déversé vers le sol. L'ensemble fonctionne alors exactement comme un piège à guèpes, l'eau en moins : une fois entré, l'insecte s'épuise en essayant de s'échapper vers la lumière du jour trompeuse. A remarquer que si vous placez une urne de S. spitaccina en position verticale vous obtenez parfaitement le piège du Darlingtonia californica, la languette attrative nectarifère en moins : on peut parler de convergence de forme.

Tous les autres Sarracenia ont des urnes complètement verticales et ouvertes à leur extrémité, ce qui les fait ressembler un peu à des trompettes, d'où leur surnom de "trumpets" aux USA :

S. minor est celle qui y ressemble le moins. Le bord arrière de la feuille pousse démesurément par rapport aux bords latéraux, jusqu'à revenir se rabattre sur l'avant, à la manière d'une visière. Dans de bonnes conditions de culture (humidité élevée de l'air en particulier) cette "visière" masque complètement l'orifice mais il existe toujours sous la forme d'une fente. L'insecte rentre donc bien à l'intérieur et ne sait pas comment sortir, d'autant que des ocelles (comme précédemment) sont confondues avec des fenêtres salvatrices.

Chez S. rubra et S. alata cette "visière" n'est pas rabattu et forme une sorte d'opercule grand ouvert mais néanmoins oblique pour limiter l'entrée de la pluie : ces urnes sont verticales et le remplissage alourdit le piège qui a tendance à se vider. A noter que cette vidange n'est pas complètement perdue pour la plante car les restes d'insectes s'échappent quand même dans le sol et le nourrisse...

Chez S. leucophylla, le chapeau est un peu plus "isolé" et forme une table horizontale au bord toujours très ondulé. De nombreux ocelles constrastent avec des veines rouges (forme type), le nectar et l'odeur finissent par permettre la confusion avec une fleur par les insectes, qui glissent au fond. Il est difficile à un insecte de décoler sur une paroie glissante, il ne peut pas prendre d'élan. C'est le moment de préciser que le nectar des Sarracenia est narcotique et que les insectes sont complètement bourrés, pour ne pas dire ivres morts...

Il ne reste plus que SS. flava et oreophila très proches. Ce sont les Sarracenia qui ont l'ouverture la plus large, ce qui donne d'ailleurs à l'urne de S. flava une belle courbe aux allures exponentielles. Le chapeau peut devenir immense, un vrai étendard qui libère des effluves puissantes dont l'odeur très forte attire les insectes au loin. Le nectar qui en coule est abondant sur les deux faces et semble également puissant car les animaux qui y goutent ne s'envolent plus, ils se promènent au bord du vide. Le rebord du piège est comme un chemin de ronde sur une muraille mais en pente d'abord à peine perceptible puis plongeante vers le trou "sans fond". Les insectes tombent le long de ces parois, glissantes car couvertes d'un talc impalpable qui bouchent les ventouses des pattes des mouches. Les urnes juvéniles de ces deux espèces ressemblent aux urnes adultes des S. alata, l'évolution depuis ce type semble évidente...

Comme toutes ces espèces peuvent s'hybrider (voir page sur l'Hybridation chez les Sarracenia) les pièges obtenus sont intermédiaires et perdent en efficacité lorsqu'ils sont trop éloignés dans leur fonctionnement.

Ces feuilles ne sont pas fixées directement sur le rhizome mais possèdent un vrai pétiole, la parti étroite bien visible à la base, cylindrique. Ces feuilles sont dites "pétiolées".

Les "phyllodes" ou feuilles sans piège, origine et formation

Toutes les espèces de Sarracenia produisent à un moment ou un autre des feuilles spéciales, sans piège, au grand agacement du cultivateur novice. Ces feuilles sont majoritaires chez S. oreophila, abondantes chez S. flava, fréquentes chez SS. leucophylla et alata et nettement moins chez les autres, en particulier S. rubra.

Phyllode de S. purpurea venosa

Comme j'ai pu lire dans un forum une certaine unanimité sur le fait que les S. purpurea ne feraient pas de phyllode, en voici une ;-). Il s'agit d'un plant de S. purpurea venosa photographié au printemps, j'en avais enlevé déjà pas mal en hiver... On voit très bien dans le quart droit inférieur cette languette verte sans piège, tout contre le grand piège central.

Ces feuilles sont appellées "phyllodes" dans la littérature, mais qu'appelle-t-on "phyllode" exactement en botanique ?

Comme je l'explique dans la page sur l'Anatomie de la Dionée, une feuille est originellement formée d'un limbe (en gros sa partie large qui capte la lumière) et parfois d'une petite tige qui le soutien appelé "pétiole". Lorsque les conditions du milieu évolue et rendent défavorable l'existence d'un limbe important celui-ci finit par se réduire dans la colonie car ne survivent que les plants adaptés. C'est un phénomène banal d'évolution naturelle darwinienne. Le problème est que la disparition du limbe n'est rendu nécessaire que par une chose : la sécheresse de l'air. Tout les cas connus sont de ce type. On ne voit pas très bien comment des plantes de marécage, adaptées par ailleurs à un excès d'eau, seraient conduites à s'adapter à un climat semi-désertique ! Si les conditions changent à nouveau, la réduction de ce limbe peut repartir dans l'autre sens mais ce n'est pas toujours possible et surtout le pétiole peut commencer à l'élargir pour jouer le rôle normal du limbe. Une phyllode est très exactement ce type de feuille : plus du tout de limbe remplacé par un élargissement du pétiole.

Dans le cas présent, on remarque immédiatement que tous les stades intermédiaires existent chez la plante : il n'y a pas d'un coté des pièges et de l'autre des "phyllodes". On observe parfaitement une réduction graduelle de la cavité de l'urne au point que le piège se ramène à un simple creux longitudinal très étroit. Simultanément, la partie terminale s'atrophie en devenant pointue. La base de la feuille, sa partie étroite, bref son pétiole, reste rigoureusement inchangé en longueur : on n'observe pas de croissance latérale au niveau de ce pétiole non plus, ni de formations secondaires... Il n'y a que la partie qu'il supporte (donc botaniquement le limbe) qui, au lieu de former cette cavité, grandit COMME AVANT mais EN RESTANT APLATIE.

Force est donc de constater qu'il n'y a pas de limbe qui se réduirait au profit d'une ou de plusieurs ailes qui seraient portées par un pétiole ! Ce qui est appelé "phyllode" chez cette plante n'en est pas un vrai mais simplement un piège aplati qui a perdu sa fonction nutritive mais a conservé et développé sa fonction photosynthétique en s'aplatissant.

Le terme "phyllode" pour les Sarracenia vient en fait de la ressemblance avec les vrais phyllodes, un peu comme le terme "(fausse) gousse" est employé pour le fruit de la Vanille, alors que celle-ci est une Orchidée et que les vrais gousses sont les fruits des Papillonacées, comme les Haricots, Fèves, Lentilles, etc.

Les Sarracenia portent donc de fausses phyllodes. CQFD.

Les écailles

Le rhizome produit à la fin de l'hiver des feuilles courtes, triangulaires et qui enveloppe les futures urnes qui pouseront ensuite. Elles protègent les jeunes pousses très cassantes. Ils s'agit typiquement d'écailles comme celles que l'on trouve aussi sur les bourgeons de beaucoup d'arbres.

Les bractées

On les oublie souvent mais il existe trois feuilles spéciales accolées à la fleur et juste au-dessus, que l'on croit souvent en faire partie. Elles font penser à des sépales mais ceux-ci sont des organes qui font partie intégrante de la fleur et sont toujours au nombre de cinq - sauf diformité exceptionnelle, bien sûr. Elles sont souvent un peu dévallées les unes par rapport aux autres, peuvent être colorées, et même différemment du reste. Par exemple S. flava rubricorpora a des bractées rouges alors que les sépales sont vert-jaune.