Hybridation
des
Sarracenia

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Mise à jour : mercredi 9 juin, 2010
Révision complète le vendredi 5 octobre 2007

© 2007 J.Ph. ROSELLO

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Comment obtenir des hybrides ?

Il s'agit biendimanche 19 septembre, 2010acute;cédente", sur La reproduction des Sarracenia.

Une difficulté importante spécifique sera le décalage important qu'il peut y avoir entre la période de floraison des diverses espèces. Si vous souhaitez par exemple féconder des fleurs de S. minor (ou d'un de ses hybrides aussi tardif) par du pollen venant d'une fleur de S. flava, vous allez être confronté au problème que la première sera fanée lorsque la deuxième produira ce pollen.

On peut résoudre cela en planifiant à l'avance l'opération.
Le déclencheur de la floraison est manifestement la température.
Si vous rompez l'hivernage de votre S. minor en le plaçant dans un lieu à température plus chaude (par exemple en rentrant le pot à l'intérieur d'un local) vous verrez la phase de croissance démarrer beaucoup plus tôt. On peut aussi utiliser du plastique à bulle employé pour l'emballage : deux ou trois couches forment un bon isolant tout en laissant passer les rayons du soleil.
Le cas de S. flava est extrême car l'espèce fleurit dès la reprise, avant même que les feuilles aient poussées ! A moindre de mettre la plante au frigo, cela s'annonce difficile apparemment. En fait, vous pouvez compenser un peu, surtout si le printemps n'est pas trop précoce, en plaçant le pot au nord d'un bâtiment. Ainsi, point de soleil. Je pense que ce sont les maxima de température qui déclenche la croissance, pas tellement les minima qui l'empêche, mais je n'ai pas fait d'expérience pour vérifier.

Ainsi, en accélérant le tardif et en ralentissant le précoce vous parviendrez à les faire se rencontrer ;-).

Comment nommer les hybrides

Les huit espèces de Sarracenia sauvages (on dit "botaniques") peuvent s'hybrider entre eux. Mathématiquement, cela donne donc 8 mères possibles, et 7 pères possibles seulement puisque ces derniers doivent être d'une espèce différente de la mère. On divise encore par 2 car A x B ou B x A donne le même résultat (Ce n'est pas rigoureusement vrai, l'ovule de la mère transmet des organites cellulaires, pas le pollen.) Soit : (8 x 7) / 2 = 28 croisements possibles (voir tableau).

Une vingtaine de ces hybrides "de base" portent un nom particulier, car, souvent, on les a d'abord connus dans la nature et pris pour des espèces. Ce nom a été conservé mais précédé d'un "x" - plus exactement une croix qui symbolise le croisement mais ce lit quand même comme la lettre.
Exemple : S. flava croisé avec S. purpurea donne S. x catesbaei, très courant en jardinerie, ce que l'on peut écrire aussi S. flava x purpurea (et non S. x flava x purpurea). Pour éviter une suite de "x" lors d'un croisement avec un hybride, on place des parenthèses voire des crochets comme en math mais certains (ce n'est que mon avis) en abuse, remplaçant une ambiguïté inexistante par une difficulté de lecture bien réelle. Par exemple, Sarracenia x schoenbrunnensis est un croisement compliqué entre l'hybride x courtii et l'hybride de x harperi et purpurea. Il y a donc plusieurs manière d'écrire cela, voici la seule qu'un puriste pourrait revendiquer :

x courtii x (x harperi x purpurea)

L'ensemble est souvent entre crochets mais cela n'apporte strictement rien car les parenthèses isolent parfaitement le groupe du père et donc "x courtii" ne peut être que la mère...
Je pense qu'il s'agit d'une confusion avec la norme utilisée par la base de données sur les plantes carnivores (visible ici) qui n'est qu'une convention interne, même si elle est basée sur la classification évidemment.

Théoriquement le nom de la mère est en premier mais cela n'a aucune importance ici (même résultat). Ce qui fait qu'en pratique on place en premier celui de l'ordre alphabétique : c'est au moins un avantage pour une recherche par mot-clés.

En groupant les noms différemment on parlerait d'un hybride différent :

(x courtii x x harperi) x purpurea

On n'écrit pas deux "x" à la suite, sans séparation, l'écriture ci-dessus n'est pas correcte bien que tout aussi lisible. Il faut écrire :

[x courtii x (x harperi)] x purpurea)

Cet hybride est différent du tout premier : par exemple S. purpurea est le père alors qu'il était le grand-père paternel auparavant ! On imagine que les urnes seront plus davantage couchées en général. Cela dépendra en fait des gènes qui seront transmis d'une génération à l'autre pour un plant donné, et c'est là que le sélectionneur va faire des choix. Lorsque vous connaissez ainsi le pedigree d'un cultivar, n'espérez pas obtenir la même chose par vos propres croisements et SURTOUT ne nommez jamais vos plantes avec ce nom, même si c'est évidemment beaucoup plus court.

Attention : les graines obtenues par autofécondation d'un hybride ne redonnent pas cet hybride après germination. Ceci est valable pour les variétés horticoles. Ces plantes ne peuvent être reproduites que par bouturage. C'est très important. S'il y a une seule chose à retenir dans cet article, c'est bien ça ! Vous trouverez d'autres explications dans la F.A.Q.
Remarque (très) technique : toutefois, sachez que chez la plupart des êtres vivants certains caractères sont liés à des gènes extrachromosomiques (contenus dans les chloroplastes ou les mitochondries) qui ne respectent pas les lois de la génétique classique, celle de Mendel et Morgan. Ces gènes suivent le cytoplasme le plus abondant, donc celui de l'ovule, donc seront transmis par la mère. (Ce phénomène est utilisé, par exemple, dans l'étude des migrations humaines.)

Le tableau (exhaustif ?) suivant, symétrique par la diagonale, donne les noms habituels des hybrides de première génération présents dans la nature. J'ai retiré le "x" devant le nom par commodité mais il est obligatoire et peut même être collé au nom, donc sans espace. Il ne s'agit pas d'hybrides horticoles donc ils ne doivent jamais porter de majuscule :

X
alata flava leucophylla minor oreophila psittacina purpurea
(venosa)
rubra
alata   alava areolata milata   psitt(i)ata exornata ahlsii
flava alava   moorei harperi   crispata catesbaei =
stevensii*
popei
leuco. areolata moorei   excellens = cantabrigiensis mixta wrigleyana mitchelliana readii =
farnhamii
minor milata harperi excellens = cantabrigiensis   mineophila formosa swaniana rehderi
oreophila     mixta mineophila   purpureophila  
psittacina psitt(i)ata crispata wrigleyana  formosa     courtii gilpinii
purpurea exornata catesbaei =stevensii *
(≠"Stevensii")
mitchelliana swaniana purpureophila courtii   chelsonii
rubra ahlsii popei readii =
farnhamii
rehderi   gilpinii chelsonii  

Vous trouverez quelques photos dans cette page spéciale de la galerie.

Nous parlons ici d'hybrides que chacun peut produire par croisement. Ne pas confondre avec les variétés horticoles qui sont obtenues évidemment par croisements multiples, sélection, etc. Vous avec peut-être une telle variété comme "Stevensii". C'est une variété issue de S. leucophylla et S. flava et ressemble à une belle S. x moorei. Il est donc interdit d'écrire "x Stevensii". Ceci est d'autant plus grave que "x stevensii" existe, c'est un nom synonyme de S. x catesbaei !

Comme on peut le voir, tous ces hybrides sont fertiles, d'où de nouveaux croisements infinis... On remarquera que, contrairement à ce que l'on entends quelquefois, les hybrides ne sont donc pas forcément stériles. EN RÉALITÉ, c'est le fait de donner une descendance stérile qui peut suffire à révéler l'existence de deux espèces, absolument pas l'inverse.

Enfin, on peut retenir qu'il n'y a que certains hybrides de S. oreophila qui ne portent pas de nom spécifique : avec rubra, flava, alata et psittacina. ce qui laisse supposé qu'ils n'existent pas dans la nature. Je ne serais pas surpris de voir un jour des constructions comme rubreophila, flaveophila, etc.

Vous trouverez une liste d'autres noms d'hybrides (des croisements complexes) et de formes dans cette page du site de l'ICPS.

Lors d'hybridation, il arrive spontanément que du pollen d'un pied féconde une de ses propres fleurs, vous aurez du mal à l'éviter. Soyez donc prudent lorsque vous faites des semis : si le plant ne présente aucun caractère du père attendu, théorique (donc le donneur de pollen) vous avez au mieux une autofécondation. Cela ne veut pas dire non plus que ceux-ci seront identiques au pied mère : des gènes récessifs se manifesteront car des gènes dominants disparus n'auront plus leur effet de "masquage", etc.

Résultats

Vous avez tout intérêt à déjà partir d'hybrides intéressants et d'essayer de regrouper les caractéristiques remarquables sur un même descendant. Celui-ci sera alors cloné - pas de panique, chez une plante cela s'appelle une bouture ;-)

Observez le semis ci-dessus. Toutes ces plantes sont des hybrides entre un plant mère à gauche, déjà hybride, 'x mixta' (= oreophila x leucophylla) et un plant père à droite, d'un S. alata particulier, la fameuse variété 'Black Tube'. Au niveau du semis (au centre) les différences sont déjà marquées au niveau des couleurs.
On peut voir déjà des nuances de couleur entre les deux "pôles", du père et de la mère, à savoir le rouge du père et le vert de la mère. Adultes, certains montreront dans le haut de l'urne des taches claires héritées de S. leucophylla par la mère mais d'autres non "à cause" de l'influence du père alata ET/OU de la mère "à cause" de son propre père qui était oreophila.

Les pièges produits par un plant génétiquement pur (ou supposé tel) sont de temps à autre malformés, notamment lors de la dernière phase, celle de l'ouverture de l'orifice et de son élargissement. Un air trop sec augmente le phénomène en fréquence et en intensité mais l'hybridation est un facteur nettement agravant. Il faut voir là une conséquence de quelque deséquilibre génétique : les nouvelles associations de gènes n'ont pas encore bénéficiées de la sélection naturelle. Par exemple, la forme des feuilles de S. psittacina est liée au maintient de la jonction des bords, visible lors de la formation de n'importe quelle piège de Sarracenia. Cette jonction très délicate devient instable chez les hybrides de cette espèce : les bords sont liés ou non, donc l'ouverture béante ou non et les feuilles sont très variables sur un même plant. L'irrégularité du feuillage joue beaucoup sur sa beauté, celui-ci sera finalement superbe ou diforme selon les années... Heureusement, la plante prenant de l'âge, les forces en jeu augmentent dans des pièges plus grands et le caractère "soudé" tends à disparaître.

Cette observation mériterait peut-être une étude : les individus de populations isolées d'une espèce données, produisent-ils moins d'anomalies ? Devrait-on, le cas échéant, avoir quelque inquiétude sur la pureté de plants en culture, lorsque l'on observe une plus forte tendance de certains à produire des bizarreries ? Cette réflexion ne vise pas à rechercher gratuitement la pureté des espèces : si vous hybridez des spécimens "douteux", vous produirez et finalement échangerez des plants sous des noms absolument inexacts, ce qui est contraire à l'éthique du botaniste comme du collectionneur.

Dans le même ordre d'idées, soyez très prudent lorsque vous nommerez les hybrides produits. Cette page devrait vous aider un peu à vous assurer de la paternité : si vous observez certaines caractéristiques "fortes" n'appartenant ni au père ni à la mère, du pollen a dû s'égarer... Accrochez immédiatement un point d'interrogation au nom accordé, après ce sera oublié... S. x willisii est l'exemple d'un clone que l'on trouve en collection car particulièrement beau mais dont la généalogie prétendue semble absolument fantaisiste... Le bord de la feuille a une croissance accélérée qui produit l'ondulation typique de S. leucophylla ALORS que cette même espèce ne serait pas dans les ancêtres ! (S. rubra alabamensis a un bord assez ondulé mais cette sous-espèce était rare en culture lors de la création de x willisii.) L'abréviation "sp" que vous avez peut-être déjà rencontré est l'abréviation latine de "species" et désigne justement une espèce indéterminée (idem pour "ssp" avec une sous-espèce).
Dans l'exemple de notre hybride, le doute n'existe que sur le père, donc le nom en deuxième position. Vous pouvez écrire, par exemple, S. alata x sp. ou à la rigueur S. alata x (leucophylla ?) si vous observez un ondulation inattendue mais caractéristique ET que vous n'avez pas d'autre plant susceptible de produire cet effet (par exemple un autre hybride en fleur de S. leucophylla). Le plant révèlera peut-être certains caractères lorsqu'il produira de plus grandes feuilles, par exemple des zones décolorées typiques de quelques espèces.

Certaines caractéristiques se transmettent facilement voire obligatoirement à la descendance, ce qui peut permettre d'orienter les croisements ou de retrouver l'origine de certains plants. Voici quelques remarques sur cette transmission d'après mon expérience. Important : si vous ne voyez plus aucun des caractères du pied père, n'invoquez pas la variabilité de la descendance ! Retenez bien que vous avez produit une autofécondation du pied mère (ou une paternité inconnue, bien sûr) :

  • S. purpurea donne des descendants aux couvercles amples, larges, grands ouverts et prolongeant la courbure de la ligne des feuilles. Celles-ci sont renflées, voire ventrues, et poussent obliquement - ou couchées si l'autre parent a ce type de feuilles (S. psittacina). Les pièges fonctionnent aussi par noyade mais le port oblique fait basculer latéralement les feuilles pleines d'eau, qui se vident. Ce caractère hybride n'est donc pas un avantage du point de vue de la sélection naturelle... Ces hybrides héritent aussi d'une excellente résistance au froid (info utile pour les tourbières artificielles dans le nord).

  • S. minor a des feuilles verticales dont le couvercle est sans attache (il n'y a pas de resserrement). Celui-ci croît davantage par l'arrière (plus précisément selon l'axe dorso-ventral), ce qui le fait donc basculer vers l'avant puis vers le sol, dans une belle courbe caractéristique. Les descendants acquerront cette courbure qui commencera souvent depuis la base d'où une forme "en virgule" très belle mais déséquilibrante : les feuilles basculent sur le coté. Les ocelles blanches présentes vers le milieu du renflement (caractéristique de l'espèce) sont souvent transmises mais elles peuvent être très discrètes ou tout simplement colorées.

  • S. oreophila donne des descendants impressionnants, plus grands et vigoureux que les parents, les phyllodes (feuilles sans piège, non évidées) recourbés en faucille, vers le sol, sont en général transmis. Le couvercle tend à s'allonger un peu. J'ai un hybride avec S. leucophylla dont le couvercle est plus allongé que chez S. leucophylla (nettement rond) et qui produit, pour l'hiver, une vrai forêt de phyllodes, très larges et hauts. Les racines sont deux ou trois fois plus abondantes... Quant à la taille des urnes, à l'heure où j'écris il y en a une de 105 cm !

  • S. psittacina aux feuilles si particulières qui résultent d'une soudure très délicate du couvercle (qui, du reste, est agrandi et renflé) ne transmet pas une bonne régulation de cette soudure. En clair, certaines feuilles seront soudées comme l'original, d'autres sur le même pied s'ouvriront en étalant leur chapeau. Le couvercle sera ample puisqu'il est renflé chez cette espèce. Les taches claires et les veines rouges seront renforcées de manière spectaculaire si l'autre parent en possède (S. minor, S. leucophylla) ou s'atténueront dans le cas contraire. Les urnes sont plaquées au sol et ont même tendance à s'incurver vers lui d'où, chez l'hybride, des feuilles couchées si l'autre parent a ce caractère (S. purpurea) et plus obliques avec un parent à urnes droites. Avec S. minor ou apparenté, la courbure vers l'intérieur s'oppose à la courbure naturelle de S. psittacina et l'hybride a finalement des urnes plaquées au sol.

  • S. leucophylla transmet à coup sûr (et même qulequefois en deuxième génération) une croissance intense du bord du couvercle qui produit habituellement une ondulation de celui-ci. Ce caractère peut ne se révéler que sur de grandes feuilles, donc sur le tard. En deuxième génération ce phénomène semble générer au moins des couvercles plus larges. Les taches claires sont transmises mais ont tendance à verdir si l'autre parent n'a pas ce caractère (S. flava, S. oreophila, S. purpurea) ou même à rosir pour une forme rouge (ou S. rubra)...

  • S. rubra transmet évidemment d'intéressantes couleurs. Cette espèce présente en effet une saturation dans le rouge (qui va jusqu'au violet foncé ou au rouge foncé nuancé de pourpre). Si l'autre parent comporte des taches blanches les descendants seront à tendance rosée. L'atténuation du rouge foncé peut révéler sensiblement les rayures le long de la feuille qui étaient noyées chez le parent rubra. Ces remarques sont valables pour la forme type car les sous-espèces peuvent être très claire et se confondre un peu avec S. alata. Celle-ci a des fleurs très claires alors que celles de S. rubra sont toutes rouge-foncé : faut-il alors rechercher les conséquences sur la descendance ? Je n'en suis pas sûr, comme le montre l'exemple ci-dessous de alata x psittacina.

  • S. flava est trop variable : elle peut être de couleur uni (de vert-jaune, vert à rouge foncé, le rouge étant plus ou moins étendu ou profond) ou rayée de rouge, une attache inexistante (sauf pour les grands pièges) ou, au contraire, tellement enroullée vers l'arrière qu'elle en forme comme un tube étroit inversé (voir hybride ci-dessous). L'attache peut avoir une tache ou non. Le couvercle peut être prolongé ou non par un appendice lui-même droit ou vrillé. Il peut être vert, cuivre ou rouge, rayé ou non. Elle peut même avoir les phyllodes recourbés "de S. oreophila" (mais non latéralement plaqués au sol). Autant dire que si l'on part d'un plant combinant certaines de ces caractéristiques, on peut la confondre  avec S. oreophila (qui en était autrefois une sous-espèce) ou S. alata. Les hybrides héritent en général de la grande solidité de ses feuilles grâce aux cannelures qu'elles comportent et tendent au verdissement (sauf si S. flava ou l'autre parent est très coloré...)

  • S. alata ne me semble pas avoir de caractère remarquable ! Elle peut ressembler à la forme juvénile de S. flava (c-a-d avec une attache du couvercle très large) mais aussi à S. rubra... Les feuilles sont en général plus claires, les hybrides aussi mais c'est très relatifs. Certaines formes comme "Black Tub" montrent des tubes d'un rouge soutenu sur toute la partie haute et une taille spectaculaire (70 cm) ! Le couvercle est plus allongé et pointu que chez les autres espèces, ce qui tend à le projeter vers l'avant et coubé légèrement vers le bas, au contraire de S. flava adulte. Les hybrides que je connais ont effectivement aussi un couvercle pointu mais que donnerait un croisement avec S. leucophylla dont le couvercle est justement à l'inverse ? Que dire aussi des descendants de cette rare forme sauvage qui présente des tâches claires : S. alata forme areolata ? Ils seront forcément confondus avec d'autres combinaisons.

J'ai peu parlé des fleurs car leur couleur, la forme des sépales et du pistil varient dans une même espèce : le résultat est simplement intermédiaire. Les hybrides ont souvent des pétales de couleurs différentes entre l'intérieur et l'extérieur (voir exemple ci-dessous) ou la partie basse visible et la partie haute à l'ombre, sous les sépales. C'est le cas aussi chez plusieurs sous-espèces de S. rubra. Si vous hybridez des Sarracenia à fleurs jaunes avec d'autres à fleurs rouges, vous obtiendrez des fleurs avec des pétales plus clairs à l'intérieur, et plus précisément dans les parties non exposées à la lumière.
Un phénomène peu fréquent est aussi l'apparition de pétales aux couleurs panachées. Mon plant de S. x redheri produit ce phénomène. Un hybride inconnu m'a également été donné à l'état jeune : il ressemble maintenant parfaitement à ce S. x redheri et il vient de fleurir en produisant également cette fleur panaché : j'aurais donc tendance à penser que c'est une caractéristique de cet hybride mais cela demande confirmation. En 2004, j'ai un plant de S. x swaniana qui a donné à son tour une fleur très fortement panachée sur une partie des pétales.

Fleur panachée de Sarracenia Fleur panachée de S. x redheri

Les teintes pâles que l'on obtient au niveau des pétales sont peu fréquentes dans le monde des fleurs : saumon, orangé clair, etc. La lumière, par contre, renforcera le rougissement de ces teintes si bien qu'il est risqué de décrire la couleurs des fleurs des hybrides. Si vous appréciez la douceur d'une couleur, je ne peux que vous conseiller de retirer la plante du plein soleil car les pétales vont foncer fortement. Idem pour les feuilles d'ailleurs...

S. minor tranmet à sa descendance la position caractéristique de ses pétales : ils ont tendance à s'écarter en formant une sorte de cône au lieu de retomber verticalement.

L'expérience de chacun serait précieuse pour compléter cet article : écrivez-moi...

Je me permets une petite parathèse au sujet du problème des urnes de certains hybrides qui ont tendance à basculer dans tous les sens, en particulier les descendants de S. purpurea. Je peux vous donner deux trucs personnels pour remedier à ce problème. Le premier consiste à cultiver des joncs dans le bac qui reçoit l'eau - pas dans les pots car c'est envahissant. Les longues feuilles cylindriques poussent autour des pots et les urnes peuvent se caller dedans tout en restant parfaitement visibles. Cela donne aussi un petit coté naturel très esthétique. Plus tard, vous pourrez même récupérer les abondantes racines enchevêtrées du jonc, qui auront poussé à plat, pour l'utiliser comme un non-tissé : support pour des petites plantes, fond des pots pour empêcher la tourbe de partir par les trous... Le deuxième truc plus expéditif consiste à pratiquer un trou minuscule dans l'urne, assez haut pour conserver de l'eau mais pas trop sinon il ne sert à rien. Remarquez que c'est le principe des Heliamphora !

Quelques exemples (en construction)
Cette Sarracenia flava fortement rayée est sans doute une création horticole : la véritable forme "fortement veinée", dont le qualificatif exact est ornata, présente à l'extrémité de la feuille un prolongement typique qui s'enroule sur lui-même (ce qui n'est pas le cas ici). Ce plant résulte vraisemblablement du croisement entre les variétés "ornata" et "rugelii" ou un hybride comme x 'Maxima' .
Le sélectionneur a conservé parmi la descendance le plant qui a hérité des qualités intéressantes des parents.
Les deux faces d'un même pétale d'un hybride de Sarracenia, S. x swaniana, croisement de S. minor et de S. purpurea.
La différence de couleurs entre l'intérieur et l'extérieur est remarquable : la partie externe est plus foncée que la partie interne (à droite), dont la couleur crème est rarement rencontré en horticulture.
On remarquera aussi le jaune franc de la partie supérieure externe (à gauche), qui n'est pas visible normalement car masqué par les sépales, plus ou moins recouvrant.
On peut admettre que c'est la lumière qui fonce les parties exposées.
Quelques exemples montrant la grande variation du pistil, d'une taille exceptionnellement grande dans tous le genre Sarracenia.
En forme de parapluie ouvert la pointe en bas, lorsqu'il est en place, son contour varie de même que la taille et l'amplitude de son "creux" (dans les documents, les plus creusés ont dû être fendus pour être aplatis et scannés).
Les variations du pistil, à ma connaissance, sont négligées dans les descriptions : c'est fort dommage...

S. minor

S. x catesbaei (= purp. x flava)

S. inconnu

S. inconnu (flava ?)
Les sépales eux-mêmes varient beaucoup plus qu'il ne parait. Ceux-ci, dans l'exemple (hybride Sarracenia alata x psittacina), sont d'un rouge intense tandis que les trois bractées, plus petites, sont vertes avec une bordure membraneuse plus ou moins décolorée. Cet hybride (en tout cas le plant dont je dispose...) est l'un de mes préférés car les urnes de la plantes sont vraiment magnifiques et... parfumées !
Dans cet autre exemple, S. purpurea venosa, les teintes sont plus ternes. Les bractées sont  pratiquement concolores aux sépales et plus courts.