Comment écrire
les
noms scientifiques, vernaculaires ou horticoles

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Mise à jour : samedi 18 décembre, 2010

Vous avez sans doute rencontré des tas de noms et orthographes différents pour cette plante. Voici de quoi éclaircir un peu le sujet :

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Les noms vernaculaires (= communs)

Un même nom vernaculaire (= commun) peut désigner des plantes sauvages différentes pour des raisons historiques de confusions anciennes, du transport du nom d'une plante dans une région où l'espèce d'origine n'existe pas. Il englobe souvent des plantes qui ont la même utilisation, une partie ressemblante mais classés dans des espèces différentes.

Une très mauvaise habitude consiste parfois à inventer un nom "vernaculaire" en le construisant autour du nom scientifique. Je trouve cette pratique parfaitement ridicule, anachronique et sans intérêt. "Sarracène" et " sarracénie", par exemple, sont des noms construits tout à fait artificiellement sur le nom scientifique "Sarracenia" et non l'inverse. "Pinguicule" pour "Pinguicula" est dans le même cas mais en pire puisque les noms communs "grassette" ou "langue d'oie" existent déjà. Sinon, allons-y gaiement en inventant des "pétune", "albize", "geranie" et que sais-je encore... Cela ne sert STRICTEMENT à rien ! En quoi "Sarracenia" est plus difficile que "Sarracène" ? On peut juste tolérer cette pratique pour traduire l'épithète latin attaché à l'espèce lorsqu'il existe déjà un nom vernaculaire pour le nom de genre : parler de l'"Utriculaire vert-jaune" pour "Utricularia ochroleuca" n'est pas choquant vu que le mot "Utriculaire" est antérieur à "Utricularia" et qu'il y en a déjà plusieurs diversement qualifiées. On voit immédiatement la prudence que cela nécessite pourtant car n'importe quelle utriculaire qui serait vert-jaune n'est pas forcément Utricularia ochroleuca...Retour en haut de page

Les noms scientifiques internationaux

Afin d'éviter les confusions concernant ces plantes sauvages, on utilise un nom scientifique valable dans tous les pays du monde. Même si l'anglais prend progressivement le dessus, le latin est encore la langue des noms et descriptions scientifiques. Il ne s'agit pas du vrai latin utilisé par les Romains mais plutôt d'une langue artificielle, conventionnelle, formée de l'ancien latin complété par de nouvelles lettres ou combinaisons : "k", "w", "x", "y", "z", "ph", "th", , "œ oe collé", "æ ae collé", etc. Le "y", par exemple, n'existait par chez les Romains : comme le nom l'indique, il est grec !

Les botanistes ne s'intéressent pas aux plantes horticoles mais aux plantes sauvages, qu'ils doivent classer. L'idées de base est d'examiner les ressemblances physiques, et le père de cette classification, Linnée, s'est rendu compte que la fleur (disposition et nombre des éléments) était la partie la plus constante pour cela. C'est ainsi que les principaux groupes de plantes ont été nommés. On remarque immédiatement que c'était déjà mal barré pour les plantes qui ne fleurissent jamais ou presque .
Le genre Sarracenia par exemple est très homogène au niveau de la fleur, qui ne ressemble à aucune autre, sauf peut-être à celle du genre Darlingtonia, qui ne contient que l'espèce D. californica, et qui est justement classé pour cela juste à coté, l'ensemble formant à coté pour former...
Une fois qu'ils ont le genre, il leur faut déterminer l'espèce, qui en est une subdivision. Ce deuxième mot que l'on accole au premier, on l'appelle l'épithète : c'est bien le même adjectif épithète de la grammaire ! C'est pas abus de langage qu'on le nomme "nom d'espèce" car en réalité le nom d'espèce est l'ensemble des deux. Pour le genre, c'est la majuscule obligatoire, mais jamais pour cet épithète et tous ce qui est en dessous. Par exemple, dans le genre Sarracenia, il y a une espèce à feuilles blanche, "leucophylla" en (pseudo)latin.
Si dans l'article le nom de genre est évident, on se contente de l'abréger par sa majuscule unique suivi d'un point. Par exemple D. muscipula, D. lusitanica et D. vesiculosa ne sont pas ambigus ici - enfin normalement .
Si on donne une liste de plantes du même genre botanique, il est d'usage de ne pas répéter à chaque fois cette lettre mais de la doubler une fois pour toutes : DD. rotundifolia, intermedia et longifolia.
Ensuite, on rattache ces genres à des groupes plus grands, qui auront tous des majuscules. Ce sera en général d'abord la famille, puis l'ordre, etc. Comme il fallait s'y attendre, la sélection naturelle n'a pas préparé à l'avance de jolies boites pour satisfaire les cerveaux humains : le genre contenu dans une famille donnée n'a pas la même valeur (à tous points de vue) que dans une autre. C'est l'une des raisons qui amène à la création, un jour, d'un sous-genre, d'une sous-famille, etc. puis divers chamboulements (cf. Article Wikipedia sur le "Rang taxinomique"). Il existe depuis quelques années une technique prometteuse de classification basée sur les théories de l'évolution qui postule que chaque apparition d'un type nouveau se fait par séparation d'une branche mais jamais de plusieurs à partir d'une même source : en clair, ce n'est pas un ancêtre commun de tous les Sarracenia qui donne les huit espèces mais un ancêtre qui se divise en deux branches, chacune pouvant restée telle quelle ou formé deux branches à son tour, etc. Cette approche s'appelle la cladistique. (Voir Wikipedia sur la phyllogénie.)

Vous trouverez parfois le terme "synonyme" en botanique. C'est le nom scientifique d'une plante qui a été attribué par le passé, que l'on peut donc trouver dans la littérature, mais à ne plus utiliser. Ce n'est donc pas tout à fait le même sens que le synonyme en linguistique, un mot ayant le même sens qu'un autre et que l'on a parfaitement le droit d'employer. Exemple imaginaire : on avait Machintrucus bidulus et Machintrucus chosus mais finalement, en regardant de plus près, en les cultivant au même endroit, etc. on se rend compte que c'est la même chose ou pratiquement. Alors le botaniste décide de ne plus employer que l'un des deux noms, de préférence le plus commun ou le plus descriptif, ou bien d'en inventer un pour l'ensemble, comme Machintrucus trucmuchus... Si Machintrucus bidulus détrône Machintrucus chosus (qui ne devra plus être employé), on le retrouvera dans les vieux bouquins : Machintrucus chosus sera devenu synonyme de Machintrucus bidulus.

A l'inverse du cas précédent, si un botaniste se rend compte un jour qu'une espèce est plus compliquée que l'on croyait, que l'on peut voir par exemple dans telle région des nuances assez marquées, il scindera cette espèce en plusieurs. Il conservera souvent le même nom latin complet pour la forme la plus fréquente, c'est plus pratique. Ce même nom correspond donc, tout d'un coup, à des descriptions différentes selon les époques ! Pour éviter les confusions, on ajoute le nom du botaniste (ou son abréviation conventionnelle) qui a procédé à cette étape, qui a décrit la plante à ce stade des connaissances. Toutes les espèces ainsi re-classées seront affublées de ce même nom de botaniste. De cette manière on peut toujours retrouver la description correspondante. Le nom du botaniste peut ainsi être essentiel pour savoir à quoi on fait référence exactement, d'autant que les mêmes adjectifs sont souvent repris - "vulgaris", "communis", "alpina", etc. on en trouve partout...
Pour notre exemple préféré, Dionæa muscipula Ellis veut dire "Dionée des Mousses décrite par Ellis". Bon, il y a peu de chances que cela change car cette espèce est vraiment à part et il n'y aucun espoir de découvrir dans la nature des formes qui pourrait nécessiter un remaniement de la classification : en dehors des documents scientifiques on omet le plus souvent le nom du botaniste.

Les noms d'hybrides

Quand on hybride des plantes sauvages, il faut dans un premier temps indiquer le détail du croisement. Dans les cas simples,  on met juste un "x" entre la mère et le père... On dit "x" comme la lettre mais en fait c'est une croix, celle de "croisement" ! Là où "tout le monde" perd son latin, c'est lorsque cet hybride de première génération (hybride F1) est croisé à son tour ! C'est forcément plus compliqué puisqu'il faut se taper tout le pedigree ! Exactement comme en math, on doit placer des parenthèses, voire des crochets pour des groupes de niveaux supérieurs, mais pas plus que nécessaire. Certains placent des crochets pour entourer la totalité d'un nom mais c'est une erreur, comme je l'explique dans ma page "Les hybridations des Sarracenia".

Des plantes ont, par le passé, été prise pour des représentantes d'espèces, par exemple Sarracenia mixta mais on s'est rendu compte ultérieurement qu'il s'agissait d'hybride naturel ! Il a été décidé de conserver le nom mais d'y adjoindre un "x" devant, d'abord accolé puis séparé. Donc Sarracenia mixta est synonyme de S. xmixta et de S. x mixta mais le premier n'est plus autorisé...

Les noms horticoles ou cultivars

On appelle "cultivar" une variété exclusivement de culture.

Quand on cultive une plante, que l'on fait une sélection, etc. on n'est plus botaniste mais horticulteur, au moins jardinier. On a le droit de combiner les plantes que l'on veut sans rendre de comptes. On n'a même pas à divulguer le pedigree. Théoriquement, plus besoin de nom latin... Il faut juste donner un nom donc forcément avec une majuscule - comme un modèle déposé, le titre d'un bouquin, etc.

C'est là où commence une certaine "polémique", l'usage des guillemets ou des apostrophes pour encadrer le nom, car ces marques sont aussi obligatoires que les majuscules. Il est possible que vos professeurs vous aient expliqué que les "guillemets simples" (comme ils disent...) sont OBLIGATOIRES mais au nom de quoi ? Cela pose pourtant un problème fondamental, c'est qu'il s'agit en réalité pour les francophones... d'une apostrophe ! La référence en France est les préconisation de l'Imprimerie Nationale : voir l'encart plus bas. A l'origine, il y avait les guillemets dits "français", les fameux chevrons (« ») puis sont arrivés les guillemets dits "anglais" (") qui ont été acceptés car un peu plus légers. Mais, en français, l'apostrophe reste un signe de ponctuation exclusivement réservé à marquer l'emplacement d'une lettre ! Cette utilisation est donc une tolérance, absolument pas une obligation ! Sans compter que les anglophones utilisent sans distinction aussi bien l'anti-quote, l'apostrophe orienté dans l'autre sens ( ` ) - que l'on obtient avec les touches Alt Grey + è.
Donc, par exemple, Dionée "Sawtooth" convient très bien, mais pas Dionée "sawtooth" ou Dionée Sawtooth. Dionée 'Sawtooth' normalement ne devrait pas se voir dans un texte en français ! et pour être cohérent il faudrait donc écrire TOUT le nom en anglais ainsi : Venus Fly-Trap 'Sawtooth'...

Certains utilisent les guillemets anglais (doubles) plus subtilement encore, pour encadrer seulement les noms qui ne sont pas déposés et les apostrophes pour ceux qui le sont. En soit, ce n'est pas idiot et même louable, mais il faut vraiment être attentif aux changements... On pourra donc préférer par pure convention personnelle Dionée 'Bohemian Garnet' à Dionée "Bohemian Garnet" mais rejeter 'Red Sawtooth' puisque le premier nom est celui d'un cultivar déposé alors que le dernier n'est qu'un nom descriptif, d'ailleurs donné souvent abusivement à ce même clone "Bohemian Garnet" !

L'Imprimerie Nationale ne décide pas des conventions internationales des noms scientifiques MAIS, par contre, elle définie traditionnellement ce qui doit être appliqué par défaut, i.e. non traité dans la Nomenclature. En particulier, l'usage des guillemets en français remplace obligatoirement l'usage anglais des apostrophes ("quote") car l'apostrophe en français est réservé pour autre chose, la marque d'une lettre disparue, comme vous le savez. Évidemment, cela concerne les noms de cultivar, voire les courtes descriptions ajoutées faute de mieux qui en font parfois office...

En réalité, notamment en horticulture professionnelle, la manière de nommer ces plantes doit respecter la nomenclature internationale scientifique mais, "évidemment", elle est souvent en dehors de la classification pour une raison simple : il ne s'agit pas d'espèces dont on peut suivre la lignée. Les moyens d'obtention exacts sont rarement connus ou déclarés, les parents peuvent être eux-mêmes des cultivars, on peut avoir des plantes intergénériques c'est-à-dire dont les parents ne sont non seulement pas de la même espèce mais carrément pas du même genre. Le cas est "fréquent" avec les orchidées des collections, comme par exemple les Cambria : "Cambria" n'est pas un nom de genre botanique mais un nom de genre horticole, il n'existe pas dans la nature ; en fait c'est même "un peu de tous" ! (Ce type de croisement intergénérique peut se produire à l'état sauvage mais c'est un autre sujet...) Pour les plantes carnivores, il n'y a, à la base, que des hybrides entre espèces, qui eux-mêmes peuvent parfois être féconds (notamment chez les Sarracenia, voir mon article "Hybridation chez les Sarracenia") et donc peuvent donner d'autres hybrides. Une fois sélectionné le meilleur plant, il est en général diffusé sous un nom de cultivar. Il s'agit presque toujours d'un clone, c'est-à-dire une composition génétique unique qui ne doit pas subir de nouvelle combinaison par voies sexuées : en clair, si vous espérez obtenir des graines de ces plantes vous obtiendrez autre chose et diffuser sciemment celles-ci sous le nom initial (ou les plantes après croissance) est tout bonnement une escroquerie, même si elles se ressemblent. Le cultivar de dionée "Royal Red" ne veut plus rien dire par exemple car beaucoup de gens ont semé les graines et obtenu des plants rouges très ressemblants.

En fait, pour ces plantes "non botaniques", la nomenclature et les règles de "nommage" doivent respecter un code particulier, le Code de Nomenclature des Plantes Cultivées. Ce code pose tout de même un sérieux problème qui me met suffisamment en colère pour que j'en fasse peu de cas : je suis stupéfait que l'on soit obligé de payer (et même d'avoir une carte de paiement à distance) pour obtenir une simple copie numérique ! C'est un peu comme si on devait payer pour connaître la loi ! Il est clair que, dans ces conditions, ce code est purement privé, donc sans réelle valeur officielle et certainement pas un ensemble de règles à respecter, faute de pouvoir les connaître. S'agissant des plantes carnivores, il y a suffisamment de sources au niveau de l'ICPS mais pour les autres plantes, on ne voit pas au nom de quoi on pourrait reprocher à quiconque de faire ce qu'il veut...

Résumé des règles d'écriture et compléments

Avant toute chose, sachez qu'en latin le "u" et le "v" se prononce "ou" (eh oui...) le "e" toujours "é", "æ" très exactement "ê" et non "a-e" (sinon ce n'était pas la peine de faire une lettre, qui permet le son "ê" du grec), "ch" peut se prononcer "ch" ou "k" selon les cas. Par exemple pour D. schizandra... c'est "skizandra"...

Ce qu'il faut retenir c'est que :

  1. Le nom du genre ("Dionæa" en l'occurrence) s'écrit toujours avec une majuscule et toujours sans "s" au pluriel. Considérez que c'est comme un nom de famille - on écrit les Dupont et non les Duponts... Il en va de même avec tous les taxons ("groupes") de rang supérieur au genre. Bref, tous les mots (taxons) d'un nom scientifique jusqu'au genre inclus portent une majuscule obligatoirement et tous ceux qui sont de rang inférieur sont en minuscule, c'est facile...
  2. La partie du nom qui correspond à l'espèce (ce que l'on appelle l'épithète) ne s'écrit JAMAIS AVEC UNE MAJUSCULE. Dans notre exemple c'est donc "muscipula". (Normal, c'est de rang inférieur au genre, cf. N°1)
  3. Le nom des variétés (ou des formes) sauvages non plus, ne prend JAMAIS DE MAJUSCULE. (Même remarque.) Ex. : Dionæa muscipula filiformis. est notre Dionée sauvage sous la forme à feuille très fine, "en forme de fil". Les puriste écrivent même Dionæa muscipula (Ellis) fo. filiformis. ("fo." est l'abréviation de "forma", évidemment "forme" en latin.)
  4. Le nom d'une variété de culture (cultivars) prend TOUJOURS UNE MAJUSCULE AU CONTRAIRE, c'est obligatoire car cela fonctionne comme un nom propre, pour ne pas dire une marque. C'est justement cela dans l'absolu qui permet de ne pas confondre.
  5. Le pire est qu'il reste d'usage en horticulture professionnelle de sélectionner un joli clone d'une variété sauvage intéressante et d'utiliser le même nom de variété mais avec une majuscule. Ce n'est pas une raison pour en rajouter une couche dans nos collections...
  6. Lorsque le cultivar provient d'une sélection à l'intérieur d'une seule espèce (pas d'hybride avec une autre espèce), le nom latin complet pourtant évident reste facultatif, ceci d'autant que la pureté de l'espèce n'est absolument pas garantie. Toutefois, cela reste appréciable pour le lecteur, qui peut avoir une idée de la plante sans la voir. Sarracenia "Tarnok" est donc tout aussi acceptable que Sarracenia leucophylla "Tarnok". Vous voyez que je n'ai même plus mis d'italique dans le premier cas puisqu'il ne s'agit plus de botanique mais d'horticulture. Dans la même idée, même le nom de genre pourrait perdre sa majuscule en devenant nom commun : un jardinier parle de ses daturas, albizias, etc. et pourrait parler de son sarracenia "Tarnok". J'ai parlé de Dionæa muscipula filiformis mais si un horticulteur en sélectionnait un cas particulier (plus beau, plus gros, etc.) il pourrait l'appeler dionée "Filiformis" ! Pour être honnête, la situation est un peu ambiguë car l'International Carnivorous Plants Society fait autorité officiellement et n'accepte plus le dépôt de nom latin pour des cultivars, justement pour éviter les problèmes. La dionée "Dentata" a ainsi été renommée "Sawtooth". C'est pour cela que le nom "Perimacrodentata" que j'avais proposé à Romuald Anfraix pour une dionée devenue célèbre avait été refusé. Il a déposé finalement le nom "Louchapates" - suivre le lien pour lire son histoire croustillante . J'ai reçu en 2000 sous le qualificatif de "filiformis" une plante très vigoureuse mais elle n'avait rien de la "chétive" forme type : je n'ai pas eu le choix que de la renommer, en l'occurrence "Filiform Giant", puisqu'il n'est pas utilisé.
  7. Un nom scientifique s'écrit traditionnellement en exergue c'est-à-dire que l'on souligne ou utilise l'italique mais que ce n'est pas une obligation d'après le Code International de Nomenclature - voir les liens vers les Sites de référence). Il est, par exemple, naturel de souligner en remplacement de l'italique par nécessité en écriture cursive, c'est-à-dire manuelle.

Une règle pleine de bon sens du français veut que les mots étrangers soient francisés, de manière à ne pas nous condamner à apprendre toutes les inflexions linguistiques étrangères. Ainsi il faut dire "des mafiosos" et non "des mafiosi", pourtant le pluriel en italien. Donc, nous devrions écrire "Les heterophyllas ont subi une mutation qui les privent de pigment rouge" et non "Les heterophylla ont subi..." car nous parlons en français et non en latin ! il ne s'agit pas d'un nom de genre invariable et avec majuscule mais d'un simple adjectif étranger, substantivé ici. Les Académiciens conseilleraient sans doute même "Les hétérophyllas" avec les accents correspondants à la prononciation mais il y a aussi la règle d'usage qui prime et s'il est obligatoire de mettre un "s" au pluriel (sauf s'il y en déjà un ou l'équivalent "z" et "x") ce n'est pas le cas pour l'ajout des accents...

Les accents n'ont jamais existé en latin vu que tous les "e" se prononcent "é". (Le Æ "AE collé" est une seule lettre, qui n'existe à ma connaissance que dans "cælacanthe".) Donc les noms scientifiques n'en comportent jamais. Ceci est impératif. "Droséra intermédia" et "Sarracénia flava" sont donc absolument incorrects. En revanche, un nom qui a été intégré au français doit néanmoins respecter les règles du français. C'est pour cela que l'on parle d'un "spaghetti" et non d'un "spaghetto", que "des scenarios" est parfaitement correct, etc. Bref, vous auriez donc théoriquement le droit de parler de vos népenthès ou de vos sarracénias (comme de vos pétunias) dans la mesure où il n'y a pas le choix. On devrait parler de ses rossolis plutôt que de ses droséras puisque le nom commun existe, lui - vous remarquerez qu'ici il ne s'agit plus du nom latin (sans accent) mais du nom intégré dans le français, un terme de jardinier et non plus de botaniste ;-).

Puisque vous avez tenu le choc jusque là c'est que vous vous intéressez au sujet aussi vous êtes peut-être étonné de voir partout dans ce site parler presque toujours des Dionées avec une majuscule. La raison est toute simple : en Sciences-Naturelles on écrit toujours ainsi le nom d'une plante ou d'un animal lorsque l'on parle dans l'absolu. Autrement dit, on écrit "La Dionée est une plante carnivore" mais "Ma dionée est morte"... Ce genre d'info est utile à savoir si vous écrivez un rapport, mémoire, etc.

Voici un petit correctif au Code International de Nomenclature de 1999, extrait du bulletin de juillet 2006 de la Société Française de Systématique N° 36 p 13 :

«Une autre proposition, d’ordre orthographique, a quant à elle été acceptée et indique que tous les noms d'épithètes spécifiques et infraspécifiques, même s'ils dérivent d’un nom de personne, d'un nom de genre ou d’un nom vernaculaire, devraient s'écrire avec une minuscule initiale. Cette proposition supprime ainsi du Code l'incitation implicite à continuer d'utiliser une capitale initiale pour certaines épithètes. Par exemple, il conviendra donc désormais de ne plus utiliser « Epipactis Muelleri Godfery », mais bien Epipactis muelleri Godfery.
Enfin, toujours dans le cadre des propositions orthographiques, l’utilisation d’un espace typographique entre le signe de multiplication « * », indicateur de la nature hybride du taxon, et le nom ou l’épithète concernée est autorisée, tout comme la substitution de ce signe, s'il est indisponible, par la lettre minuscule « x », à condition qu'elle ne soit pas composée en italique.»

Décodons un peu "le truc" :

  • D. Slakii ne passe plus ! C'est D. slakii maintenant, sans majuscule, bref plus d'exception en hommage à un botaniste. Cela veut dire en effet "Drosera de Slakius" autrement dit "de Slack", le botaniste spécialisé dans les carnivores. Idem avec Sarracenia rubra alabamensis, qui veut dire "de l'Alabama", et plus Alabamensis. Tout ça en italique évidemment...(J'avoue ne pas comprendre pourquoi la forme latine de "Slack" serait "slakius" plutôt que "slakus", le premier donnant effectivement "slakii" alors que le deuxième donnerait "slaki" au génitif, c'est-à-dire le complément de nom. Donc l'écriture "slaki" au lieu de "slakii" est fautive !)
  • Pour les hybrides, on peut toujours les écrire avec le signe de multiplication accolé, donc par exemple S. *readii, mais aussi maintenant avec un espace, comme S. * readii, et aussi avec la lettre "x" à la place MAIS elle ne doit pas être en italique ! Donc c'est bon pour S. x readii et S. xreadii (la lettre "x" n'est pas en italique, le reste oui !).

Pff...


Cela peut sembler prise de tête alors qu'en fait c'est surtout long à décrire. Tout cela est indispensable justement pour éviter les problèmes, j'espère vous en convaincre avec les exemples suivants :

  • Si vous écrivez Mimosa (nom scientifique en exergue) je sais immédiatement qu'il ne s'agit pas du mimosa, cet arbre bien connu à fleurs jaunes appelé aussi "robinier" qui n'a aucun rapport avec le genre Mimosa. La remarque serait la même avec Acacia (qui ne correspond pas à notre acacia habituel) et Geranium qui n'est pas celui de votre jardinière dont le vrai nom de genre est Pelargonium...
  • Si vous écrivez Sarracenia flava maxima, il s'agit de la variété sauvage, différente de Sarracenia flava 'Maxima', qui est une variété horticole de grande taille, sélectionnée parmi des hybrides de S. flava rugelii et S. flava forme type ! Le premier est tout vert alors que le second est une grande plante très marquée de rouge en particulier au niveau de l'attache. A mon sens, l'usage de ce nom pose un problème car le Code International de Nomenclature précise que l'on a le droit d'utiliser une variété sauvage comme un cultivar en lui appliquant la règle correspondante, c'est-à-dire justement Sarracenia flava 'Maxima' ! Ce clone risque donc d'être renommé un jour...

Vous imaginez immédiatement les conséquences ! Les vraies prises de têtes arrivent quand on ne respecte pas les conventions... Cherchez donc des photos de Sarracenia maxima vous verrez le souk !

Bon, là je crois vraiment que c'est exhaustif et même abusif ;-). Bah, je suis sûr que vous avez appris pleins de trucs ;-)). Retour en haut de page


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